Bien vivre avec une maladie chronique telle que la maladie de Gaucher passe, entre autres, par le maintien d’une activité professionnelle. Cependant, des symptômes de la maladie peuvent avoir un impact sur l’exécution de certaines tâches. Alors comment adapter sa vie professionnelle ? Que faut-il dire à son employeur ? Les réponses du Docteur Bruno Husson, médecin du travail à Saint-Quentin-en-Yvelines.
Déclarer sa maladie à son employeur ?
Informer votre employeur de votre maladie n’est pas une obligation. Alors, faut-il annoncer une maladie chronique à son employeur ou la taire ?
« Dans la plupart des cas, moins on en dit à l’employeur mieux c’est. »
Dr Bruno Husson
Pour le Dr Bruno Husson « dans la plupart des cas, moins on en dit à l’employeur mieux c’est. Ce dernier peut se faire une fausse idée des symptômes et surprotéger en évitant certaines tâches à l’employé qui perd une chance d’équité de traitement. » Concrètement, l’état de santé ne peut être un motif de licenciement (sauf dans des circonstances très précises). Dans les cas nécessitant des aménagements du travail, vous pouvez aborder uniquement les symptômes de votre maladie. Votre employeur sera davantage en mesure de comprendre les agencements nécessaires. Votre interlocuteur incontournable est le médecin du travail. Le tenir au courant de votre maladie n’est pas une obligation mais c’est préférable. « Le rôle du médecin du travail est le maintien du salarié dans le poste le plus longtemps et le mieux possible. Dans cet objectif, ce médecin est à la fois le conseil du salarié, de l’employeur et des partenaires sociaux (1) » selon Bruno Husson. Comme tout médecin, il est assujetti au secret professionnel et n’est pas autorisé à informer votre employeur de votre maladie. En revanche, il peut déterminer et recommander des aménagements de postes ou de temps de travail. En deux mots : confidentialité et efficacité !
Échanger avec le médecin du travail
En dehors des rencontres réglementaires périodiques avec le service de médecine du travail, le salarié peut être à l’initiative d’autres visites. Les visites régulières sont également l’occasion d’échanges avec le médecin et son équipe.
Dans le cadre d’une maladie chronique, il existe trois grands types de visite auprès de la médecine du travail (1) :
- La visite à la demande du salarié : elle est l’occasion d’aborder vos difficultés, d’éventuels aménagements et, pourquoi pas, le statut de travailleur handicapé.
- La visite de fin d’un arrêt de plus de 30 jours : à cette occasion le médecin du travail peut déterminer et recommander à votre employeur des aménagements de postes ou de temps de travail.
- La visite de pré-reprise : en cas d’arrêt de plus de 3 mois, vous pouvez demander une visite pour préparer votre reprise. « Le médecin informera l’employeur uniquement de la nécessité d’aménagements. Si ces derniers sont importants (fauteuils, véhicule), il est conseillé de s’y prendre un peu à l’avance. Un mois dans l’idéal. » précise Bruno Husson.
Envisager des aménagements de poste ou de temps de travail
Les préconisations émises par le médecin du travail doivent être prises en compte par l’employeur. Elles peuvent porter directement sur le poste de travail : mobilier et équipements par exemple. « Si vous avez le statut de travailleur handicapé, les adaptations du poste de travail peuvent être financées par des aides versées à votre employeur. » Si les aménagements sont trop importants et vident le poste de son essence, un reclassement est envisagé (1).
Le temps de travail peut également être aménagé. Bruno Husson nous suggère deux moyens de moduler le temps de travail. « Le télétravail peut être envisagé pour diminuer la fatigue due aux transports. Par ailleurs, la répartition variable du temps de travail sur des petites et de plus grosses journées peut, quant à elle, permettre d’intégrer des temps de visite à l’hôpital, chez le médecin ou de traitements ». En cas de temps partiel vous conservez tout ou une partie des indemnités journalières (2).
Autant d’éléments qui vous permettent de mener (ou de reprendre) une activité professionnelle sereine(3), compatible avec une maladie de Gaucher.
A lire aussi :
- Décret n°2016-1908 du 27 décembre 2016 relatif à la modernisation de la médecine du travail.
- Assurance Maladie. Employeurs. Temps partiel thérapeutique. Comment procéder ? 2016.
- Belmatoug N. Encyclopédie Orphanet Grand Public. 2010.